ART PRESS MARS 2017 / n°442
"Toute écriture qui ne crucifie pas efface"
Article signé Hélène Giannek
Dossier Agnès Rouzier / Cahier Critique de Poésie 31
"Il y a beaucoup de parenthèses dans le livre, rarement fonctionnelles car il ne s'agit pas d'insérer un élément accessoire, précision ou commentaire, énumération, exemple, dans le cours ordonné d'un discours. S'il y a un ordre, il est acéphale. Les parenthèses sont déviantes, on dirait des contrebandières transportant, transférant un peu de matière d'un bord à l'autre (d'un texte qui est sans bord). Et si la voix, ah! même (se fait sèche) que toute coupure, toute chair, toute... (tu me fais mal) déjà mourante, mouvante."
Reprise de Sereine Berlottier
"Et toi, prolongement lyrique du parcours, toi, voix qui démarre sur une note haute, se coupe, repart sur un registre distribué au hasard, impossible à prévoir, à justifier, à saisir, voix qui n’ouvre qu’une série d’ombres (ou d’ondes) en cascades se défaisant, rire d’un rire (ou larmes ou chemins) – ne pas prendre le parti de ce qui dure, mais au contraire celui de changements multiples, capricieux, coléreux, vindicatifs – itinéraires, labyrinthe en carré, pour obliger au volte-face, aux angles brusques, aux courses folles (et toi, spectateur) à l’essoufflement, à la démarche provisoire (lente, rêveuse des somnambules ou rêche, précise…) telle une série d’excitations énergiques"
Entretien avec Florence Trocmé sur Poezibao
"L'ajustement dissociatif" de Joseph Guglielmi à propos de "Non, rien" paru dans le Bulletin n°7 d'Orange Export Ltd. en date du 31 décembre 1976
Extrait
"Le délitement du récit et sa dissolution-ouverture nous amènent à ce point sans identité et d'éclatement où se situent les livres d'Edmond Jabès. Là où la brisure fait loi et marque l'émancipation du livre. Egalement, l'instabilité pronominale à l'exemple de l'in-différence des sexes, des organes, confère au texte un statut d'inépuisabilité. Le sens est toujours "sans (qu') aucun point où s'accomplir..." Tout, ici, dérape, décroche... Sans origine ni achèvement, le mouvement spasmodique et haché de l'écriture semble s'acharner surtout à défigurer, violenter, par l'effet d'un immense désir, l'intégrité du personnage-sujet, à pulvériser l'idée du moi-privilège en regard de l'animalité, l'organique (...)"